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Saviez-vous que l’équivalent des sacs modernes que nous connaissons aujourd’hui était de petites pochettes disposées près du corps sous les jupes ?

En effet, le sac, tel que nous le connaissons aujourd’hui, l’accessoire indispensable dans le quotidien de toutes les femmes, a connu d’énormes progrès depuis sa création.

En un siècle, cet accessoire a évolué avec l’intimité féminine et avec les nouvelles exigences et codes vestimentaires de chaque époque.

Dans cet article, nous faisons un zoom sur l’histoire des sacs et les grandes révolutions qui l’ont marquées.

L’histoire des sacs remonte à l’antiquité, plus précisément à l’époque de la Rome antique. L’équivalent du sac moderne à cette époque était la bourse. Il s’agit d’un petit pochon dont l’ouverture et la fermeture se font en tirant sur de petites ficelles prévues à cet effet. Les hommes et femmes de l’époque ne s’en servent que pour y stocker leur argent. Les bourses s’utilisent de cette manière jusqu’au début du moyen âge, juste après l’ère des croisades chrétiennes.

Le moyen âge correspond à une époque où les plus démunis sont très nombreux dans les rues et demandent l’aumône aux plus nantis. Ces derniers, pour les plus généreux, répondent favorablement en piochant quelques pièces, non pas dans une poche (il n’en existait même pas sur les vêtements à ce moment), mais dans leur bourse.

Le moyen âge correspond également à une époque où la religion est très ancrée dans les mœurs. On range alors dans les bourses, en plus des pièces, les accessoires de la foi, (chapelets et croix), mais également des petits objets du quotidien.

Toujours dans la même dynamique religieuse, les bourses au moyen âge sont décorées de petites devises religieuses. Il s’agit d’une nouvelle tendance, et les bourses commencent à être de plus en plus ornées, les plus riches arborant même des bourses décorées au fil d’or.

L’appellation “sac” apparaît au cours du XIe siècle et tire son origine du mot hébreu “sak” qui lui-même représente une étoffe brute faite de poils de chèvre. En anglais, son équivalent “bag” est issu du mot “baga”, qui fait référence à tout ce qui a trait aux bagages.

Au cours du XVe siècle, du métal est ajouté en armature aux sacs afin de les rendre plus structurés et donc plus maniables. Toutes les sortes de métaux sont mises à profit : fer, laiton, bronze, etc. Les sacs sont de plus en plus ornés et deviennent même des symboles de statut social. À cette même époque, et jusqu’au XVIIe siècle, les femmes portent leurs sacs à la taille, sous leurs robes, à l’abri des regards indiscrets.

Au XVIIIe siècle, la mode progressant, les robes lourdes et amples laissent place à des robes plus légères et plus près du corps. Les sublimes demoiselles sont donc contraintes d’abandonner le port des sacs sous les robes. En lieu et place, les sacs sont désormais portés à la main, mais sont appelés “réticules”. Bien que de nombreuses personnes s’indignent que le sac, considéré jusque-là comme appartenant à l’intimité féminine, soit exhibé de la sorte, le sac à main reste ancré dans les habitudes et connaît de nombreuses évolutions : carré ou rond, en perles ou en soie, richement ou sobrement brodés, etc.

En 1860, voyager devient monnaie courante, favorisant l’essor de l’industrie du bagage. Des sacs de toutes les sortes et de toutes les tailles font leur apparition. Le cuir démontre sa solidité ainsi que son efficacité et prend le pas sur les autres matières utilisées à l’époque.

En 1914, la guerre fait rage et le cuir devient de plus en plus rare. Les créateurs de l’époque ne manquent pas d’originalité, et se retournent vers des matières comme les fourrures, peaux de reptiles en tout genre et plumes.

Cinq à six années plus tard, les belles périodes du jazz et du tango arrivent, les mini-sacs et minaudières avec. Qui voudrait s’encombrer d’un sac classique pendant qu’il danse.

En 1927, la marque Lancel lance les sacs de type seau, qui deviendront plus tard sa manufacture de prédilection. La marque Lancel a été créée en 1876 par Angèle Lancel. Il s’agissait alors d’une petite boutique commercialisant des articles destinés aux fumeurs. Plus tard, la boutique s’oriente vers les articles et accessoires pour femmes.

1930 voit se développer un nouveau mode de vie avec les automobiles. Il faut pouvoir ranger ses bagages dans le coffre tout en gardant quelques affaires utiles aux longs trajets sur soi dans un autre petit sac. L’une des meilleures créations de cette époque : le Speedy de Louis Vuitton, créé en 1933, modèle intemporel de la marque, à la fois pratique et élégant.

Une autre création iconique de la même période : le Kelly de Hermès créé en 1935 est un modèle réduit des sacs de l’époque. Ce modèle très féminin correspond parfaitement à la tendance de voyage et aux exigences de mode du moment.

En 1940, nouvelles contraintes imposées par la guerre. Le cuir est à nouveau en pénurie, mais également le Nylon et la laine. Les créateurs de mode à cette époque optent alors pour des sacs faits de paille, de raphia ou de tissu. Le tout premier sac à main de Gucci, fabriqué en 1947, le Bamboo, est un modèle à l’image de cette ère. Ce sac doit ce nom à son anse en bambou bruni et incurvé à coup de chaleur et de vapeur.

Le cuir verni est tendance dans les années 50. Des stars d’Hollywood telles que Marilyn Monroe, Ava Gardner et plein d’autres acteurs s’affichent arborant des sacs à main plus classe les uns que les autres.

Jusqu’en 1955, les sacs à main étaient portés à l’épaule par les femmes. Coco Chanel, de son vrai nom Gabrielle Chanel, est une créatrice de génie qui, lorsqu’elle s’intéresse à la création d’un nouveau sac, pense “utilisateur” et pense “design”. Jusqu’alors, les sacs étaient portés épaule, d’où ils glissaient fréquemment, et devaient être rattrapés et réajustés. Ces sacs imposaient donc la contrainte de bien serrer son sac contre soi pour le retenir. En s’inspirant des sacs en bandoulière portés par les soldats à cette époque, Coco Chanel créé en février 1955 un sac bandoulière pour femme : le 2.55 (en référence à l’année de création). Le 2.55 de Chanel tout aussi élégant que les sacs de l’époque, a été le premier sac offrant autant de liberté à ses utilisatrices. Ce modèle, souvent revisité, a traversé toutes les époques et son prix actuel est dix fois plus élevé que son prix de commercialisation en 1955.

Le sac de loin le plus populaire de tous les temps est le Kelly de Hermès, créé en 1935 (Nous en avons déjà parlé). En réalité, ce sac à sa création s’appelait “sac à courroie” ou “sac haut à courroie”. Il deviendra réellement très populaire lorsqu’il sera collectionné par la célèbre actrice Grace Kelly, qui un jour, photographiée pour la couverture d’un célèbre magazine, s’en servira pour tenter de dissimuler sa première grossesse. Vecteur de la popularité du “sac à courroie”, le nom de Kelly sera donné à ce modèle de sac très populaire jusqu’à ce jour.

Un autre sac mis en avant par une personnalité est un sac demi-lune conçu dans les années 50 par Gucci. En 1964, Jackie Kennedy, la veuve de JFK tombe littéralement amoureuse de ce sac au point d’en commander six. Elle en porte pour toutes ses sorties, et comme elle est très souvent photographiée avec, le sac demi-lune gagne également de la côte au point d’être rebaptisé “Jackie” en 1968.

Au cours d’un voyage en 1984, Jane Birkin se confie à son voisin dans l’avion. Elle lui raconte comment elle, qui a pour habitude d’emmener “sa vie” avec elle dans ses voyages, a du mal à trouver un sac assez grand pour toutes ses affaires. La grande et belle coïncidence, le voisin à qui elle se confie est Jean-Louis Dumas. Il s’agit du président d’alors de la firme Hermès. Jean-Louis demande donc à Jane de faire un croquis du sac qui lui conviendrait. Elle s’exécute, le Birkin voit le jour peu de temps après, et connaîtra un succès phénoménal depuis sa création.

Dernière anecdote. En 1995, Bernadette Chirac, l’épouse du président Jacques Chirac, demande à la maison de mode Dior, de lui proposer un sac particulier qu’elle pourrait offrir à Lady Diana, membre de la famille royale britannique, alors en voyage en France. La maison Dior saisit rapidement l’opportunité, et le sac initialement appelé Chouchou est immédiatement rebaptisé “Lady Dior”. Le cadeau plaît énormément à Lady Diana, qui l’emmène partout avec elle. En l’espace de deux ans, le sac Princesse est vendu à plus de 200.000 exemplaires grâce à la promotion mondiale qui lui est assurée par la princesse. Nouveau paragraphe

Les sacs ont prouvé et démontré leur importance dans le quotidien. Le secteur des accessoires de mode, et plus particulièrement des sacs, connaît un développement impressionnant depuis plusieurs années déjà. Des millions de nouveaux consommateurs se manifestent chaque année et de nouveaux créateurs de mode apparaissent pour essayer de satisfaire cette demande. La bataille du it-bag, il n’y a plus que les maisons de mode, vieilles de plusieurs dizaines d’années, qui s’attellent à la tâche pour produire “le sac que tout le monde voudrait avoir”. Aujourd’hui, le marché de la mode et plus particulièrement du luxe, est rentable, aussi bien pour les producteurs que pour les consommateurs. Il serait même plus intéressant d’investir dans un “bon” sac de luxe que dans la pierre.